Avis Horizon Pilgrim : Baroudeuse, équilibrée et juste

Horizon est une marque jeune et pourtant ce sera peut être ma marque préférée. S'il y a une chose que j'affectionne particulièrement ce sont les romans de Jules Verne, pas seulement pour des souvenirs de lecture d'enfance, pas seulement des discussions avec mon grand père qui en avait lu des dizaines pendant sa propre enfance et qui était devenu lui-même un personnage qui dépassait l'imagination de Jules Verne, j'en lis ou relis beaucoup plus que je ne regarde de séries. Jules Verne a créé une œuvre au XIX et début du XXieme siècle qui est la première véritablement de la Pop culture, préfigurant ce que seraient un siècle après James Bond, Indiana Jones, Star Wars, la bande à Picsou ou Tintin... Des univers culturels d'aventure, connus et partagés mondialement. Je ne vais pas développer, l'essai de Nicolas Allard sur le sujet est suffisamment éloquent. Dans le monde de l'horlogerie, on ne compte pas les modèles Nautilus. On peut mettre ça sur l'iconique travail de Gérald Genta ou sur l'image luxueuse de Patek Philippe, mais il y a bien sûr beaucoup plus. Le Nautilus, Némo, Jules Verne, sont des noms qui mobilisent l'imaginaire de milliards de personnes sur la planète. Ce n'est donc pas un hasard si le designer Fred Bekher a voulu que les premiers modèles de sa marque fassent référence à des bâtiments ou personnages de romans de Jules Verne. Celle-ci est la seconde montre d'Horizon, la Pilgrim, le bateau que Dick Sand sera amené à commander malgré son jeune âge. Et cela fonctionne parfaitement, en voyant la montre au poignet on pense à la première partie du roman "un capitaine de quinze ans". Toute l'énergie, la fougue, la sagesse naturelle de Dick Sand malgré son manque d'expérience et manque de connaissance théoriques. Et encore, je n'ai pas l'édition jeune capitaine qui avec sa couleur claire renforce encore le trait. La couleur que j'ai choisie est "vert océan" et accompagnée d'un bracelet rubber vert que je trouve très équilibré. Ce n'est pas vraiment une montre de plongée, la lunette est interne, bidirectionnelle et actionnée par la couronne du haut. Les aiguilles sont stylisées, tout à fait ce que l'on attend pour un navire qui part à la chasse à la Baleine. Elles sont très lisibles (ce qui n'était pas vraiment le cas pour la Nautilus). La date, comme toujours chez Horizon, est camouflée dans un index - cela me fait penser à la bibliothèque de mon grand père où un passage secret était dissimulé. Horizon est une marque à suivre car elle repose sur un binôme extraordinaire. Le travail de conception de Fred Bekher est toujours longuement réfléchi avec le soucis du détail tandis que Sugi Kusumadi allie méticulosité et sens commercial. Sans faire de "spoiler" je dois dire que cela se termine très mal pour le navire Pilgrim à la fin du tome 1, et le Tome 2 plonge nos personnages dans des affres encore plus terribles ou les représentants du monde libre et des droits de l'homme affrontent les sauvages et les esclavagistes imposant leur loi par la terreur, la torture et le supplice. Il y a malgré tout un happy end pour le tome 2. La montre Pilgrim, elle est sortie en 2023, après que la ville de Fred Bekher fut prise et occupée par l'armée russe puis évacuée et continue aujourd'hui d'être bombardée depuis l'autre côté du fleuve. Sa maison fut détruite. De ce côté là le happy end n'est pas encore advenu si tant est qu'il advienne un jour. Cette concordance des temps, des époques, ce renvoi entre l'imaginaire de la pop culture du XIX siècle et la réalité que vit le jeune designer de la montre au XXI siècle me plait beaucoup. Cette montre n'est pas une montre de plus dans un système consumériste mondialisé, un objet pondu par le marketing qui s'ajoute aux autres. C'est une création qui renvoie à des combats pour la liberté et l'humanité. Côté mouvement c'est un Sellita SW200-1, rien à redire. Le boitier est en acier. Une marmotte et un bracelet supplémentaire étaient offerts. L'horizon est quelque chose d'inatteignable par définition, proche ou lointain suivant le point de vue, il recule lorsque l'on s'en approche. De même que la perfection dans le travail. L'horizon c'est aussi la porte de l'imaginaire, que se trouve-t-il derrière? quelles merveilles, quels dangers, quelles hordes sauvages, ou peuples civilisés? Il me semble que l'on a pas fini d'entendre parler de cette petite marque Ukraino-Singapourienne. Adjectifs: Jeune, fougueuse, libre, humaine; prometteuse, impertinente, passionnée